EGLISE CHRETIENNE COLONIALE

Le neveu se fabriqua des nasses et les plaça dans la rivière.

S’étant levé de bon matin, il partit relever ses nasses.

La première qu’il aperçut était pleine de « ngola ».

Tandis qu’il essayait de la soulever, on lui jeta quelque chose à la figure.

La nasse remontée, il courut jusqu’au village et raconta son aventure à Ta Nzeza : « Père, lui dit-il, j ’avais placé des nasses, Or ce matin, tandis que j ’essayais d’en remonter la première qui était pleine de « ngola », on m’a jeté quelque chose à la tête. Viens avec moi, chef, peut-être est-ce une bête? »

L’oncle prit son fusil : « Allons voir », dit-il.

Ils s’en allèrent et arrivèrent près de la nasse, à l ’endroit où l ’on avait jeté l ’objet, mais ils descendirent la rivière.

La première nasse qu’ils remontèrent était pleine à craquer.

Quand ils parvinrent à la dernière, celle-ci était également remplie, or, tandis qu’ils la retiraient, on leur jeta quelque chose à la tête.

Ils regagnèrent précipitamment le village. S’étant assis, ils vidèrent les « ngola », ceux-ci pullulaient! « Na Nzeza, prendsles « ngola », prépare-les. »

Les ngola cuits à point, le neveu les retira du feu : « Mon oncle, les « ngola » sont prêts, mangeons-les ! »

Na Nzeza venait à peine de commencer à en goûter, qu’il tomba à la renverse, se tordant de douleur, le ventre et la tête lui faisaient horriblement mal ! « Prenez le « lukobi », gémitil, cherchez l ’auteur du mauvais sort, peut-être y avait-il des fétiches dans la rivière ! »

L’on chercha l ’auteur du sortilège. « Il y avait deux fétiches », fut-il répondu. » — « Allez chercher les féticheurs, qu’ils viennent ! »

Un féticheur arriva, il le soigna. « Dis seulement le nom d’un fétiche ! » Mais à peine eut-il prononcé des mots, que Na Nzeza expira.

Les gens étaient frappés de stupeur. « D’où ce malheur peut-il nous être venu? » se dirent-ils entre eux. Au temps de nos ancêtres, les « ngola » abondaient-ils ainsi?...

Et voilà que le neveu tomba également malade !

Les vieux se regardaient avec étonnement : « Comment ! Ce malheur ne nous vient-il pas d’Europe? »

D’aucuns ajoutèrent : « Assurément c’est pour ce motif que nos villages meurent ! Ah ! si nous n’avions pas vu les Blancs ! Hélas ! nous les avons vus ! »....Ingeta ! Ibobo, Ibobo !