Le neveu se fabriqua des nasses et les plaça dans la rivière.
S’étant levé de bon matin, il partit relever ses nasses.
La première qu’il aperçut était pleine de « ngola ».
Tandis qu’il essayait de la soulever, on lui jeta quelque chose à la figure.
La nasse remontée, il courut jusqu’au village et raconta son aventure à Ta Nzeza : « Père, lui dit-il, j ’avais placé des nasses, Or ce matin, tandis que j ’essayais d’en remonter la première qui était pleine de « ngola », on m’a jeté quelque chose à la tête. Viens avec moi, chef, peut-être est-ce une bête? »
L’oncle prit son fusil : « Allons voir », dit-il.
Ils s’en allèrent et arrivèrent près de la nasse, à l ’endroit où l ’on avait jeté l ’objet, mais ils descendirent la rivière.
La première nasse qu’ils remontèrent était pleine à craquer.
Quand ils parvinrent à la dernière, celle-ci était également remplie, or, tandis qu’ils la retiraient, on leur jeta quelque chose à la tête.
Ils regagnèrent précipitamment le village. S’étant assis, ils vidèrent les « ngola », ceux-ci pullulaient! « Na Nzeza, prendsles « ngola », prépare-les. »
Les ngola cuits à point, le neveu les retira du feu : « Mon oncle, les « ngola » sont prêts, mangeons-les ! »
Na Nzeza venait à peine de commencer à en goûter, qu’il tomba à la renverse, se tordant de douleur, le ventre et la tête lui faisaient horriblement mal ! « Prenez le « lukobi », gémitil, cherchez l ’auteur du mauvais sort, peut-être y avait-il des fétiches dans la rivière ! »
L’on chercha l ’auteur du sortilège. « Il y avait deux fétiches », fut-il répondu. » — « Allez chercher les féticheurs, qu’ils viennent ! »
Un féticheur arriva, il le soigna. « Dis seulement le nom d’un fétiche ! » Mais à peine eut-il prononcé des mots, que Na Nzeza expira.
Les gens étaient frappés de stupeur. « D’où ce malheur peut-il nous être venu? » se dirent-ils entre eux. Au temps de nos ancêtres, les « ngola » abondaient-ils ainsi?...
Et voilà que le neveu tomba également malade !
Les vieux se regardaient avec étonnement : « Comment ! Ce malheur ne nous vient-il pas d’Europe? »
D’aucuns ajoutèrent : « Assurément c’est pour ce motif que nos villages meurent ! Ah ! si nous n’avions pas vu les Blancs ! Hélas ! nous les avons vus ! »....Ingeta ! Ibobo, Ibobo !